Jusqu'à l'après guerre, à savoir environ les années 1960, la couture était un auxilliaire précieux pour bon nombre de familles françaises qui n'avaient pas trop les moyens de s'acheter des "vêtements tout faits" ..... De plus, le "prêt à porter" n'occupait pas la place qu'il prend aujourd'hui.
Savoir coudre était un talent apprécié dans l'économie familiale et je me souviens combien mon père était fier de mentionner que ses soeurs étaient de bonnes couturières, appréciées pour cela dans leur village du Nord de la France. Il se souvenait des "séquences d'essayage" quand enfant, il regardait toutes ces dames qui venaient à sa maison, pour vérifier le travail d'une commande.
Je comprends l'émotion de ses souvenirs d'enfance.... tout prêtait à l'émerveillement: les couleurs et senteurs des beaux tissus, la délicatesse du toucher, le rire des femmes heureuses de se faire belles, la dextérité des couturières, la beauté des modèles vivants, et tout ce matériel de couture: grands ciseaux, craies, machines à coudre, aiguilles, grandes règles, bobines de fils, tissus, boutons, patrons aux linéaires entremêlés et complexes,..... et ces bustes, mannequins aux formes évocatrices !!
Toutes les couturières ne possédaient pas de tels mannequins car c'était un investissement qui n'était pas accessible à toutes les bourses.
De plus, les formes de l'une n'étaient pas exactement les formes de l'autre; l'idéal étant d'avoir un buste adapté à ses propres mesures.
C'est ce qui fait le succès de la célèbre fabrique STOCKMAN qui depuis 1867, créent des bustes de couturières sur mesure; aujourd'hui plus de 500 références, véritable encyclopédie de la morphologie humaine. Associé à Siégel, les établissements Siégel-Stockman restent une référence mondiale, incontournable pour tous les "grands couturiers".
Aujourd'hui, ces bustes sont des "vigies du passé"... A notre époque, la couture est moins en vogue, ce que l'on peut regretter car son apprentissage était plus qu'un savoir-faire .
C'était un "savoir-être".... une école de l'observation, de la patience, du "self-control", de l'écoute de l'autre, une école de créativité tournée vers l'économie car tout était utilisé, recyclé, ..... Pendant la guerre, mon père aimait nous rappeler que l'on retournait certains vêtements pour que le tissu usé d'un côté, offre à nouveau un aspect neuf: toutes les coutures étaient inversées !!!
Peut-on imaginer celà aujourd'hui ?
A l'armée, jusque que dans les années 1980, chaque soldat recevait un petit necessaire de couture; joli objet dont je parlerais un jour dans le Blog Antiquités.
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