C'est en 1834 qu'est crée l'Union des Commissionnaires de l'Hotel des Ventes (UCHV) (Société en nom collectif) qui regroupe les célèbres"Cols rouges", tous Savoyards d'origine et reconnaissables par leur veste noire à boutons dorés surmontée d'un col rouge.
La compagnie qui compte 110 membres, s'occupe des tâches quotidiennes liées à l'activité de la salle des ventes de Drouot (21 salles de ventes et d'expositions, plus de 100 commissaires-priseurs, 67 sociétés de ventes volontaires, 72 études judiciaires), à savoir organiser les dépôts en sous-sol, porter les meubles et objets, les installer pour exposition en salle, les présenter au public lors de la vente, les transporter en camions, les empaqueter pour certains et prendre part aux inventaires,... et bien d'autres petites tâches qui les rendent incontournables dans la vie au jour le jour, de l'institution de la rue Drouot.
Les modalités de fonctionnement de l'UCHV ont peu évolué depuis que Napoléon III ait reconnu le "monopole des savoyards" en 1860 puisque aujourd'hui encore, il n'y a pas de hiérarchie, pas de grille de salaires (une caisse commune qui redistribue équitablement), pas d'ancienneté... les jours chômés et les vacances ne sont pas rémunérés.... rien ne semble avoir changé depuis l'époque de ce dessin de DAUMIER, représentant une vente de tableaux à l'Hôtel Drouot.
Chaque "col rouge" est reconnaissable par son N° inscrit en lettres d'or sur le haut de son col, qu'il revend à son successeur (apppelé Bis) qui travaillera pendant 6 mois, avec un col noir avant d'être coopté par les 110 cols rouges, et de reprendre le sobriquet de son prédecesseur ou de s'en voir attribuer un nouveau, en fonction de ses qualités, caractéristiques et talents personnels: Le Chanteur, La Plume (chargé des écritures), De Gaulle, Coluche, Coquelicot,.... et bien d'autres.
Le travail est difficile (beaucoup de manutation d'objets parfois très lourds, de longues journées,....) mais les revenus sont en conséquence, ce qui fait que la place est convoitée et qu'elle est généralement cédée à un fils, neveu, ami,... Savoyard, pour une somme forfaitaire.
Pour une "affaire" remontant à 2004, les 110 manutentionnaires de l"UCHV se voient interdire d'exercer leur métier à compter du 1er septembre 2010 car depuis le 21 juillet dernier, l'institution est mise en examen en tant que personne morale pour "association de malfaiteurs, complicité de vol et recel de vol en bande organisée".
A l'origine du scandale, ce tableau de Gustave Courbet, représentant un "Paysage marin sous ciel d'orage", disparu en 2004 chez un particulier, déclaré volé et proposé quelques mois plus tard, à un expert par l'un des "savoyards".
Aujourd'hui, un nouvel appel d'offres auprès de plusieurs sociétés de transport et de manutention a été lancé par l'hôtel Drouot, mettant fin ainsi au monopole de l'UCHV.
Nous en saurons plus, à la ré-ouverture de DROUOT, en septembre prochain.
Pour conclure et m'inspirant du tableau de Gustave Courbet à l'origine du scandale, je citerai ce poème de Charles Baudelaire:
L’Homme et la Mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables!
Un reportage de France 3: ICI
En ce mois de mars 2016, débute le procès de la confrérie des "cols rouges" de Drouot .
Rédigé par : Fabienne | 23 mars 2016 à 05:39
Ce sont les "polos bleus" de la société André CHENUE qui ont remplacés les "cols rouges" à la réouverture de DROUOT, ce mercredi 22 septembre.
Une entreprise qui a de l'ancienneté puisqu'elle a vu le jour en 1760, quand André CHENUE en sa qualité de layetier royal, était au service exclusif de Marie-Antoinette pour s'occuper de toute la lingerie royale .
Rédigé par : Eric | 23 septembre 2010 à 10:42
Effectivement, il faut toujours se méfier des "mises au ban" !
Condamner, frapper d'interdiction toute une profession .... ou une "communauté humaine"... nous l'avons vécu par le passé.... et nous le vivons encore, aujourd'hui avec la communauté "Rom" .....
les lapidations en Iran ou ailleurs,...
Vigilance ! Vigilance !
Et pas de "jugement" hâtif !
Rédigé par : eric | 17 septembre 2010 à 07:41
Quand on veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage. 150 ans d'histoire et toute une profession salie. 110 personnes se retrouvant sans travail ni indemnité ASSEDIC et perdant en plus leur mise de départ.
A qui profite cette mise à mort...
Rédigé par : Ghandi | 16 septembre 2010 à 23:07
Choix cornélien !
Mais avant tout, il convient de privilégier le choix qui permettra le retour à la confiance, dans les meilleurs délais...
DROUOT est une vitrine mais à Drouot même et aussi derrière, il y a de nombreux professionnels tant à Paris qu'en province qui font leur métier, honnêtement !
Rédigé par : eric | 07 septembre 2010 à 11:10
Le Monde daté du 3 septembre, sous le titre :
"L'Hôtel Drouot doit trouver du personnel, vite !"
Donné des précisions :
3 sociétés de transport et de manutention ont répondu à l'appel d'offre, mais le délai pour être opérationnel étant très court (réouverture le 21 septembre), rien n'est réglé.
En effet dans ces 3 sociétés l'une est crée par les 80 des 110 anciens "cols rouges" qui ne sont pas mis en examen. Leur connaissance des lieux et de ses usages en ferait la plus susceptible de faire tourner Drouot immédiatement.
Mais l'enquête n'est pas close et "Drouot prendrait un gros risque à les faire travailler"
La rentrée risque d'être périlleuse.
Rédigé par : Amelie Textiles | 07 septembre 2010 à 10:46
Nous vivons une époque de "Grands changements" à tous niveaux !!
Du flou, dans de nombreux repères.... Certains même, disparaissent !!
Ce n'est pas facile.... mais c'est la Vie !
Je pense que c'est certainement plus difficile pour les personnes d'un "certain âge" .
Pour les jeunes, c'est leur monde... le seul qu'ils ont connu... Alors, Vogue la galère !!
Rédigé par : Eric | 17 août 2010 à 11:06
Belle pagaille en perspective à la rentrée à Drouot !
Rédigé par : Amelie Textiles | 17 août 2010 à 08:55