Bécassine, née dans le Finistère sud

Voici une belle centenaire, puisqu'elle est née le 2 février 1905, dans le journal "La Semaine de Suzette", magazine pour "filletttes bien élevées de 8 à 14 ans" dont je parlerai dans un prochain article du Blog, tant son succès fut grand avec notamment une diffusion de plus de 100 000 exemplaires par semaine.

Aujourd'hui, chacun connaît Bécassine car il est rare que dans l'enfance, on ne croise pas le chemin de cette "bonne bretonne" montée à la capitale en qualité de nourrice, née en 1885 à Clocher les Bécasses, de son "vrai nom", Anaïk Labornez, reconnaissable entre toutes avec sa tenue vestimentaire unique, son parapluie rouge, son visage rond encadré d'une petite coiffe, son air innocent et sa grande générosité.
L'enfance de Bécassine est le premier livre des aventures de notre héroine dessinée par Joseph Porphyre Pinchon (1871-1953) et l'on ne connaît qu'une seule planche originale mise en vente hier, lundi 8 novembre à l'hôtel des ventes Drouot-Richelieu.

Dès le début, le succès est au rendez-vous puisque sitôt le 2è numéro, on compte plus de 20 000 abonnés qui suivront toutes les aventures de Bécassine jusqu'en 1912; à sa création, c'est Jacqueline Rivière (1851-1920), rédactrice en chef de la Semaine de Suzette qui écrit les histoires  avant qu'elle ne passe la plume à Maurice Languereau (1867-1953), neveu et associé de l'éditeur, dont le nom figure sur les albums: Editions GAUTIER-LANGUEREAU.
Pinchon est l'illustrateur jusqu'à sa mort en 1953 et à partir de 1959, c'est Jean Trubert qui signe les dessins avec divers scénaristes dont le "Monsieur Cinéma" de la télévision française, Pierre Tchernia.
A signaler également, 2 albums dessinés par Edouard Zier.

A partir de 1913, chacune des aventures de Bécassine prend la forme d'une histoire bien structurée et au fil des années, apparaîtront tous les personnages que les enfants aimeront retrouver: la marquise Hermine de Grand-Air et Loulotte, entre-autres.

  Bien que décriée par un certain nombre de bretons qui voient en elle, une "caricature négative du peuple breton" donnée par la bourgeoisie parisienne, elle traverse les décennies et devient en 1939 l'héroine d'un film de Pierre Caron avec l'actrice Paulette Dubost, en 1969, Georges Brassens lui consacre une chanson avant que la chanteuse Chantal Goya rencontre le succès avec sa fameuse chanson "Bécassine, c'est ma cousinne".

En 2005, pour son centième anniversaire, La Poste édite un timbre-poste à son effigie.

Depuis sa création, à l'aube du siècle dernier, Bécassine a connu les drames de son époque avec la "Grande guerre" et la suivante, a accompagné les évolutions de la société en conduisant des voitures, pilotant des avions, escaladant les Alpes,.... et avec sa personnalité, elle a contribué à la naissance de la BD moderne qui partant d'histoires illustrées a abouti à la vraie bande dessinée qui aujourd'hui, remporte un succès considérable.