Le Blogue antiquités

Encrier en porcelaine blanche pour pupitre d'écolier

C'est un petit objet dont se souviennent toutes les personnes nées jusqu'aux années 60 car il était constamment sous notre regard, quant à l'école primaire, nous apprenions à écrire.
C'est un encrier en porcelaine blanche .
Il  était encastré en haut à droite du pupitre d'écolier, sur lequel pendant quelques années, nous "usions nos fonds de culotte" .... à l'époque, on tenait assez peu compte des élèves gauchers.

Généralement, l'instituteur remplissait les encriers en début de semaine, d'une encre violette contenue dans une bouteille surmontée d'un verseur métallique.
Cette bouteille était précieusement conservée dans un meuble de la classe fermant à clé, où l'instituteur rangeait diverses affaires .
C'était un "honneur" de se voir confier cette tâche de remplir les encriers, le lundi; seuls les "meilleurs élèves" obtenaient pour cela, la confiance du maître.

La fourniture de l'encre était souvent une dépense communale et au fil des décennies, la qualité des encres a varié; il fallait qu'elle ne soit ni trop liquide ni trop épaisse.... au fil du temps, diverses formules ont eu leurs partisans: on y associait quelques pigments naturels qui mélangés ensuite à de l'eau, donnaient une encre d'un ton et même d'une odeur très spécifique !
Avec la porcelaine, des encriers en verre translucide sont apparus.... personnellement, je préférais les encriers blancs..... certains encriers portaient le nom du fabricant de mobilier scolaire, comme les établissements SAVARY & Rivière, installés à Quimperlé dans le Finistère.

Avant la porcelaine, les encriers ont d'abord été fabriqués en plomb; ils pouvaient être ouverts ou fermés par un système de petits volets pivotants comme sur ce modèle des établissements Alcide PICARD & KAAN installés rue Soufflot à Paris. Editeurs et imprimeurs ayant l'agrément du Ministère de l'instruction publique, la société PICARD & KAAN  proposait également diverses petites fournitures scolaires.

Les encriers fabriqués par Picard & Kaan, dans un métal plus solide que le plomb coûtaient environ 3 fois plus chers que ceux en porcelaine: 12 Francs pour 100 encriers en porcelaine - 35 francs pour 100 encriers en métal.

Beurriers anciens - Beurriers conservateurs

C'est un bel objet en deux parties, utilisé jadis pour rafraîchir et conserver le beurre.

Il servait également à présenter le beurre à table: c'est un beurrier.

Le beurre était placé dans le réceptacle attenant au revers du couvercle, le tout trempant dans la partie basse remplie d'eau, légèrement salée.
Fermé, le couvercle posé sur la partie basse, le beurre était à l'abri de l'air et de la lumière et pouvait naturellement se conserver plus facilement; il convenait simplement de changer l'eau tous les trois jours.

 

Par ses spécificités,  ce modèle était appelé  "Beurrier conservateur", "Beurrier rafraîchisseur", "Beurrier à eau", .... les anglais les appellent "French butter crock"....

Comme beaucoup des objets du temps passé que nous présentons dans le Blog Antiquités, ces "Beurriers à eau" ont eu leur période de gloire (fin du XIXè - début XXè) pour disparaître complètement avec le développement de l'équipement ménager, notamment l'apparition et la généralisation du réfrigérateur.
En faïence ou en céramique, toutes les grandes manufactures ont exploité leur savoir-faire pour créer de magnifiques beurriers dont vous pouvez découvrir toute la beauté des décors sur le site d'Annie qui nous a gentiment prêté ces photos: Faïencerie St-Clément, Boulogne sur Mer, Limoges, Lunnéville, Sarreguemines, HB Henriot de Quimper, Saint-Jean la poterie, Sarreguemines, Vallauris, Malicorne, Desvres, Nevers,....
et bien d'autres !

Porcelaine, isolant électrique

Dans le domaine des Arts et plus spécifiquement dans les Arts de la table, la Porcelaine a acquis ses lettres de noblesse au fil des siècles passés; les techniques de fabrication atteignent la perfection dès le 12è siècle en Chine et se généralisent dans le Monde entier, à partir du XVIIè siècle, donnant naissance à des fabriques dont la renommée reste forte comme la porcelaine de Limoges, la porcelaine de Sèvres, la porcelaine de Saxe, la porcelaine de Meissen,.... et bien d'autres.


La porcelaine est une céramique fine et translucide produite à partir du kaolin (argile blanche, friable et réfractaire) par cuisson à plus de 1200°.
Au XIXè siècle, la technique de coulage d'une pâte fluide dans des moules réalisés en plâtre simplifie la fabrication des pièces et à cette même époque, l'arrivée et le développement de l'électricité met en avant les propriétés isolantes de la porcelaine.
Certaines manufactures profitent de ce créneau en se spécialisant dans la fabrication de matériel électrique en porcelaine (interrupteur, prise, monte et baisse, fusibles, appliques murales, .....) et c'est ainsi que le fabricant Legrand, qui possède depuis 1860, un atelier de production de porcelaine à Limoges, s'associe à un entrepreneur local en électricité pour optimiser ses fours.
Petit à petit, la fabrication du matériel électrique se développe et devient l'activité principale de l'entreprise Legrand qui dans les années 1950, se spécialise sur cette seule production qui la conduit aujourd'hui à occuper la place de leader mondial en interrupteurs et prises de courant.

Les propriétés isolantes de la  porcelaine sont très prisées durant plusieurs décennies et avec le développement de l'équipement électrique des habitations, juste avant et après la seconde guerre mondiale, ce secteur de production industrielle est en plein essor. Ces éléments d'appareillage électrique sont souvent simplement de couleur blanche et ils donnent un "petit côté rétro", prisé dans la déco d'aujourd'hui.

Ouverture du Musée LALIQUE à Wingen sur Moder

Les créations de René LALIQUE sont présentes dans de nombreux musées à travers le monde (Musée Gulbekian à Lisbonne, Musée des Arts décoratifs de Paris, Musée Lalique d'Hakone au Japon,...), aujourd'hui grâce à l'ouverture du Musée LALIQUE à Wingen sur Moder (67), elles ont un véritable écrin où l'ensemble de la création de l'artiste est mis en valeur.

Nous avons déjà évoqué dans le Blog Antiquités, la vie de l'artiste, son génie de créateur de bijoux, ..... l'ouverture du musée où sont présentées 650 pièces sur un espace de 900 m² nous permet de revenir sur le génie de l'artiste et sur le dynamisme qu'il a su insuffler à Wingen sur Moder où après la première guerre mondiale, il installe sa 2ème unité de production; son usine de Combs la Ville (77) n'arrivant plus à répondre à la demande croissante liée à la forte renommée de l'artiste. 

Il profite de la tradition verrière de cette partie de l'Alsace et de la qualité de la main d'oeuvre qu'il y trouve, pour développer une production qu'il oriente d'abord dans la verrerie de table.
Il s'appuie sur le savoir faire ancestral de la région pour recruter des ouvriers spécialisés (verriers, tailleurs, graveurs,..) qui pour certains ont déjà travaillé dans d'autres verreries (Saint-Louis, Meisenthal, Vallerysthal,..)....
 
De 50 employés au début, la manufacture passe rapidement à 150 entre 1924-1925 et jusqu'à 300 avant la seconde guerre mondiale.
En 1940, l'usine est mise sous séquestre par l'armée allemande.
René Lalique meurt le 1er Mai 1945 à Paris.

Les Faïences anciennes à l'honneur à Colmar

Cela commence demain du 15 au 17 avril, les faïences anciennes et les Arts de la table sont à l'honneur à Colmar en centre ville au Koïfhus, ancienne douane construite au XVè siècle et cela se prolonge, par une exposition intitulée "De la cuisine à la salle à manger" qui se tiendra au même endroit du 19 au 25 avril, pour mettre à l'honneur les fameuses Faïences de Sarreguemines.
 
Pour la première exposition, sur deux étages et dans quatre salles, 22 antiquaires sélectionnés pour leurs compétences et la qualité des pièces exposées présentent faïences et porcelaines, terre cuite et grès, argenterie, verrerie,.... tous ces éléments prestigieux de "l'art de vivre à la française" et magnifique témoignage de ces merveilleux artisans-créateurs qui font tant pour notre partimoine artistique et culturel.
Emaux de Longwy, céramiques d'extrême Orient, pièces fabuleuses de Daum, Baccarat, St-Louis, Lalique, faïences de Sarreguemines,... et bien d'autres pièces  de nos prestigieuses faïenceries pourront être présentées et achetées à Colmar, si besoin avec l'expertise de M. André Liedhart, président d'honneur des experts européens.

Quelques jours plus tard, une deuxième exposition débute à partir du 19 avril et jusqu'au 25 , consacrée elle plus spécifiquement aux Faïences de Sarreguemines (57), cette  ville voisine de Lorraine réputée entre autres pour sa production industrielle de faïences.

Faïences de Saint-Jean la Poterie

Nées dans la commune de Saint-Jean la Poterie, ces faïences ont acquis leur notoriété sous le nom de faïences de Saint-Jean de Bretagne.

En effet, c'est en Bretagne (Morbihan), dans cette commune de Saint-Jean la Poterie proche de Redon qu'au début de la seconde guerre mondiale se développe toute une activité artisanale et économique autour de la faïence.

Nous en avons déjà parlé dans un précédent article du blog antiquités.

Profitant d'un livre à paraître en octobre prochain consacré à la faïencerie de Saint-Jean la Poterie, nous sommes heureux de revenir sur ces productions tout à fait originales et  reconnaissables par leur style unique, joyeux et coloré.

Dans cet ouvrage, les auteurs Anne-Héloïse Roche et Pierre Lorent font revivre toute l'aventure de cette faïencerie créée en 1943 et qui cessa complètement son activité en 1989.

A l'aide de témoignages, de documents et de nombreuses photos, les auteurs font revivre l'histoire de l'entreprise, en s'intéressant notamment aux techniques de fabrication, à l'évolution des motifs décoratifs, à la personnalité des décorateurs, aux conditions de travail du personnel, aux circuits des revendeurs.... enfin, une approche complète, pour mieux connaître le célèbre "Saint-Jean".

Dans ce livre, tous les amateurs et collectionneurs découvriront un très utile répertoire détaillé des formes ainsi qu'un corpus des motifs.

Assiette de Chiffonnier

Le Chiffonnier, un vieux métier disparu dans les années 60 mais très ancienne profession née au Moyen-âge qui a connu son apogée, au XIXè siècle avec le développement de l'industrie du papier.

Le chiffonnier passait de maison en maison, à la recherche de chiffons qu'il revendait aux papetiers; il collectait également les peaux de lapin, vieilles ferrailles; en échange, il offrait des assiettes comme celle-ci, mais également d'autres poteries, verres ou mouchoirs.
Certains vaisseliers bretons étaient remplis de ces assiettes de chiffonnier aux couleurs vives et attractives.

En Bretagne, le chiffonnier s'appelait le "Pilhaouer"; il passait de ferme en ferme au cri de "Tamm pihoù, tamm !!" (morceaux de chiffons, morceaux !!).
Dans d'autres régions, il passait au cri de "Chiiiiiiiffonnier !! Chiiiiiiiffonnier !!" ou  "Peaux de lapin, Peaux !!).

C'était un métier difficile.... le chiffonnier, personnage solitaire, cheminant à pied à travers la campagne inquiétait.
Généralement, on ne le laissait pas entrer dans la maison; l'échange se faisait sur le pas de la porte.
Il circulait seul avec une grande hotte ou avec une charette tirée par un âne, ou même un chien.

Le chiffonnier était également appelé "Biffin", mot déribant de "Biffe": chiffon, objet sans valeur.
Par extension, le mot Biffin désigne parfois le brocanteur.

La faïence de Lunéville et la famille Keller & Guérin

Dans un précédent article du Blog Antiquités, je vous avais parlé de la Faïence de Lunéville mais en évoquant plus spécifiquement les Faïences de Saint-Clément, commune située à environ 10 km de Lunéville, "Capitale de la Lorraine".
Aujourd'hui, notre regard se tourne vers la faïence de Lunéville et plus spécifiquement sur la célèbre marque KG, pour Keller et Guérin.
En effet, c'est la famille Keller et Guérin qui gère la manufacture de Lunéville de 1786 à 1923, après que Sébastien Keller achète la faïencerie à la famille Chambrette, suite à la faillite de 1785.
Durant 137 années, l'écusson KG tel celui que l'on trouve sur le fond de cette jolie jardinière au décor AVILA, signe l'ensemble des productions qui passent par tous les décors qui ont fait la renommée de Lunéville, notamment les influences de l'Art Nouveau dont le principal centre est NANCY.

C'est vers 1832 que Keller fils s'associe à son beau-frère Guérin pour donner naissance à cette marque KG et c'est en 1892 que les KG rachètent la manufacture de Saint-Clément dont ils consacrent la production aux faïences artistiques avec la collaboration de grands noms tels Emile Gallé, Ernest Bussière, Edmond Lachenal, Alfred Renaudin, Joseph et Pierre Mougin, Géo Condé, etc...

La France doit beaucoup à ces entrepreneurs de talent qui ont su collaborer à de nombreux artistes pour innover et porter le renom de la France, à travers le Monde entier.
En ces jours de "grand doute", comment renouer avec l'innovation et le développement ?

Faïences de Saint-Clément

  La semaine dernière, je participais au Salon des antiquaires de Lorient et mon voisin, Jean-Pierre présentait parmi les "petits trésors" de son stand, une paire de pots de Saint-Clément.
L'antiquaire est comme l'abeille dessinée sur cette faïence d'Art, .... il butine parmi les beaux objets et nourrit son regard et sa passion, pour les couleurs et le merveilleux savoir-faire des artistes-créateurs.
La Faïencerie de Saint-Clément peut se prévaloir d'une tradition de près de 280 ans car c'est en 1730, que Jacques Chambrette, faïencier allume ses premiers fours à Lunéville, à moins de 10 km de la commune de Saint-Clément, dans cette Lorraine, riche en traditions et forte de caractère.
Les affaires prospérant à Lunéville, il choisit judicieusement de développer sa production en installant une nouvelle manufacture dans la commune proche de Saint-Clément où il trouve une belle qualité de terre mais aussi de l'eau et du bois en abondance, ressources indispensables pour faire fonctionner les ateliers.

Détail qui doit le motiver mais qui n'apparaît pas explicitement: Saint-Clément, ville française lui permet de payer des droits 7 fois moindre, pour toutes ses productions vendues en France.
En effet, Lunéville étant à l'époque Capitale de la Lorraine, on peut considérer qu'il y avait des "droits à payer pour l'exportation" !!
Hier comme aujourd'hui, tout entrepreneur-créateur doit associer ses talents créatifs à un "bon sens gestionnaire".

Cul noir de Forges les eaux

Depuis l'époque romaine, l'homme a travaillé la terre de Forges les Eaux pour en concevoir des poteries, des pipes et ensuite des faïences. Ce sont les argiles dites blanches qui firent la réputation de Forges puisque de nombreuses Faïenceries les utilisèrent au premier rang desquelles celles de Boulogne et de Douai, qui ne sont pas très éloignées. La première faïencerie est fondée à Forges les eaux en 1797, par Georges Wood, céramiste d'origine anglaise, ayant fait son apprentissage chez Charles et Jacques Leigh qui eux-mêmes avaient introduits en France, les procédés de fabrication du Straffordshire et du Northumberland.
La production de Faïences se développe au XIXè siècle faisant travailler plus de 170 personnes et exportant partout en France et à l'étranger. Deux types de productions sont caractéristiques de Forges les Eaux: des réalisations en faïence fine avec un décor particulièrement recherché et de la faïence utilitaire et décorative dite "Cul noir" pour une utilisation au quotidien.
Le décor se fait au pinceau et à l'éponge, spécialité de Forges, notamment utilisé pour imiter le feuillage des arbres.