Avant 1870, l'imagerie populaire de Wissembourg devançait par sa production et sa réputation, l'imagerie Pellerin d'Epinal qui aujourd'hui, est plus connue du large public.
Cette moindre réputation est certainement liée aux conséquences de la guerre de 1870, qui vit l'annexion de l'Alsace à l'empire allemand en 1871, ce qui contraint l'entreprise d'imagerie de cette petite ville alsacienne de Wissembourg, à se tourner prioritairement vers le marché germanique.
Pourtant, pendant un siècle, de 1839 à 1939, l'entreprise de lithographie fondée par Jean-Frédéric Wentzel diffusa à travers toute l'Europe, un grand nombre de ses images colorées et ce, grâce au chemin de fer, aux libraires et à un réseau très actif de colporteurs.
En plus d'un siècle, l'imagerie de Wissembourg présenta un grand nombre de thèmes avec en priorité, celui de la religion, également le plus vendeur.
En fonction du marché, l'entreprise aborde les sujets d'actualité, les scènes de la vie de famille et tout ce qui est lié à l'enfance rencontre un grand succès: pantins, jeux, contes, petits théâtres, jouets d'optique, petits soldats,.... mais aussi la série du "petit architecte" qui propose des bâtiments et des scènes à découper et à assembler pour constituer de petits jouets en 3 dimensions, tels une gare avec son train qui roule.
De quoi émerveiller, tant les enfants que les parents !
J'en ai eu dans mon enfance et j'en garde un souvenir ému; il fallait souvent la patience et la dextérité du père pour vous aider.
Ces images font également partie du matériel scolaire; avec elles, l'instituteur apprend aux enfants à nommer les choses (du monde le plus proche au monde exotique, le plus lointain) et leur fait découvrir la grande diversité de l'Univers qui les entoure.
Pour aider le maître qui au sein d'une même classe s'occupe d'enfants d'âge et de niveaux différents, Wentzel publie ses "tableaux pour l'instruction de la jeunesse" : planches cartonnées de petit format, faciles à manipuler.
La fabrique produit également, ces planches de petites images à découper (près de 100 par planche) que le maître distribuait parcimonieusement aux bons élèves: ceux qui lui apportait une "réponse juste" ou ceux dont la "bonne conduite" méritait d'être récompensée.
Pour 10 bons points = 1 image !
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, sur ces images très populaires au XIXè siècle, le Musée alsacien de Strasbourg propose du 16 octobre 2010 au 31 janvier 2011, une exposition intitulée: "Des mondes de papier, l'imagerie populaire de Wissembourg".