Yves a récupéré ce vieil outil chez ses parents mais personne ne sait à quoi il pouvait servir.
Il m'envoie ces photos, pour lever le mystère . Il me précise que cet objet est en acier; dessus, on peut lire l'inscription "E. SIMON" "LAVAL" avec des cœurs gravés sur les quatre faces.
Les extrémités sont forgées comme des burins; il n'a pas d'œil pour insérer un manche.
Alors, vous avez une idée ?Je ne vais par prolonger le suspense car en fait il s'agit d'un fer à rhabiller les meules de granit utilisées par les meuniers pour moudre le grain en farine.
Cette pièce métallique en double biseau est utilisée par le rhabilleur; elle est insérée dans un manche en bois mortaisé par une lumière oblique et ainsi, elle prend la forme d'un marteau, appelé mailloche.
L'outil complet mesure environ 45 cm de long et on l'utilisait avec les 2 mains.
Pour le rhabillage d'une paire de meules, il fallait environ une quinzaine de fers tant l'usure était grande pour travailler la pierre de silex !
Une meule de moulin devait être rhabillée, environ tous les 10 jours et il fallait environ 2 jours de travail pour rhabiller la paire de meules.
Le rhabilleur de meules était un vieux métier ambulant . Certains travaillaient en binôme; ainsi en 1 journée, le travail était fait !
Pour le meunier, le rhabillage de ses meules était essentiel pour produire une fine mouture. Pour que la meule remplisse pleinement son usage, il faut qu'elle ait de très nombreux petits trous nets et coupants. En tournant, les meules s'usent et il faut donc refaire ces petits trous (3 trous par cm).
On appelait aussi ce travail : "repiquer les meules" ou "battre les meules".
Ensuite, vers 1860, les machines à rhabiller ont été conçues.
Les établissements Eugène SIMON à Laval (Mayenne) étaient spécialisés dans la fabrication d'articles de meuneries et particulièrement de marteaux de moulins.
Le marteau de moulin mesurait de 14 à 15 cm et ne dépassait que d'environ 8 cm, de la mailloche.