Le Blogue antiquités

Chaises anciennes

Dans le Blog antiquités, nous avons publié de nombreux articles sur les chaises, tant cet élément de mobilier est une pièce essentielle de notre quotidien: chaises de cuisine, chaises de brasserie, chaises pour enfant, chaises de jardin, chaises de bistrot, chaises à porteurs, .... avec ou sans label (Thonet, Köhn, Fischel, Luterma, Baumann, ....)

Autrefois, mise à part les fabricants de renom, il y avait sur l'ensemble du territoire français de nombreux petits artisans ou manufactures qui fabriquaient des chaises vendues ensuite, autour de chez eux.

En cette période de confinement où notre modèle de production fondé sur la mondialisation semble devoir être remis en cause, comme nous le faisons régulièrement sur le blog antiquités, un regard attendri sur un vieux reportage de 1966 conservé par l'INA: le travail humble et méticuleux d'un fabricant et rempailleur de chaises installé à Saint-Just sur Viaur dans l'Aveyron (12)

Le métier de layetier

De nouveaux métiers apparaissent chaque année et le seul domaine du numérique en est un grand pourvoyeur: géomaticien (spécialiste des technologies de la géolocalisation), ingénieur cloud computing (stockage et gestion des données), Web-designer, expert en cybersécurité, web-evangelist (chargé de faire du prosélytisme pour une marque), community manager (chargé de créer une communauté d'internautes autour d'un même centre d'intérêt),.... je pourrai continuer assez longtemps !
A l'inverse, certains métiers ont pratiquement disparu ou ont tellement évolué, que leur nom a été complètement oublié.

Il en est ainsi pour le métier de layetier, dont on voit ci-dessous des ouvriers au travail tels qu'ils sont représentés dans l'encyclopédie de Diderot.
Le métier de layetier consistait à fabriquer des caisses, des coffres en bois pour l'emballage; il était généralement associé au métier de malletier qui lui confectionne des malles pour le voyage, en utilisant  divers matériaux (bois aux essences multiples, cuir, toile, métal, ....) en s'appuyant sur les savoir-faire de l'ébénisterie, de la maroquinerie, de la menuiserie, de la sellerie,... de la ferronnerie,..


De nombreuses enseignes affichaient autrefois, ce métier de malletier-layetier; les compétences du layetier-emballeur étaient proches de celles du menuisier, par l'assemblage du bois.
Aujourd'hui, le métier de layetier emballeur est toujours pratiqué (emballeur spécialisé) pour fabriquer des caisses en bois, pour envelopper, protéger des oeuvres d'art qui doivent être transportées

Fauteuil à crosse

Chacun a en image, la crosse de l'évêque, ce bâton pastoral dont la partie supérieure est recourbée en volute, insigne de l'autorité épiscopale. 

En menuiserie-ébénisterie, la crosse que l'on nomme également crossette est cette même forme involutée qui termine un montant.
Ce peut être sur le dossier d'un siège, les montants d'un lit, mais le plus courant est généralement quand cette volute termine l' extrémité d'un accoudoir de fauteuil.

On parle alors de fauteuil à crosse.

Ci-dessous, 2 exemplaires de fauteuils à crosse en bois fruitier dont l'assise est paillée.
Pour l'un, la crosse est de forme arrondie alors que pour l'autre, la crosse est plate sur les côtés.


La "crosse" est un bel élément ornemental qui apporte beaucoup de caractère en mettant en valeur le savoir-faire du menuisier - ébéniste.

Faux-Dormant

En menuiserie, le "dormant" désigne une partie de l'ouvrage qui n'est pas mobile.
C'est une "image" qui se comprend aisément .

Pour un meuble, le dormant est la partie centrale sur laquelle viennent en appui les portes; cette partie centrale est fixe.

Sur certains meubles, ce dormant peut être simulé et solidaire à l'une des portes; il est mobile avec cette porte, on parle alors de "Faux-dormant".

Armoire "à gâteaux"

Typique de la région Bretagne, l'armoire "à gâteaux" se distingue par ce très spécifique décor, sur les vantaux de cercles concentriques, dans chacun des panneaux.

Ce décor "à gâteaux" constitué de cercles est également appelé "décor à galettes".

On sait combien les galettes font partie de la culture bretonne et il n'y a donc pas lieu de s'étonner que les menuisiers - ébénistes y aient puisé leur inspiration.

Le décor "à gâteaux" est natif du Finistère et du Morbihan.

Jusqu'au XIXè siècle, les artisans appliquaient et respectaient les techniques traditionnelles: l'assemblage se faisait par tenons et mortaises chevillées pour faciliter le montage et le démontage; moulures et sculptures étaient taillées en plein bois (dans un bois bien sec et sans aubier).

A cette époque, le collage était interdit, sauf pour les travaux de marqueterie.

Forme en bois pour chapeau

Les collectionneurs et amateurs de chapeaux anciens apprécient ces anciennes "Formes  en bois".
Jadis, elles étaient utilisées par les fabricants de certains chapeaux, dans l'une des nombreuses étapes entrant dans la fabrication des "couvres-chef".

Tout un savoir-faire qui mobilisait un grand nombre d'ouvriers aux compétences très spécifiques liées à chacune des phases de fabrication des chapeaux: soufflage, bâtissage, semoussage, foulage, dégalage, ébarbage, éjarrage, enficelage, feutrage, teinture, castorinage, assortissage, appropriage, dressage, formage, apprêtage, cartonnage, bichonnage, garnissage, lustrage, robage, ...
Les métiers ont disparu ainsi que tous les outils et techniques mis au point au fil des décennies mais aussi tous les mots qui s'y rapportaient .... Quel appauvrissement !

C'est le "Formier" un artisan  travaillant le bois qui réalise ces formes, très souvent en utilisant le tilleul, essence aux caractéristiques spécifiques notamment sa résistance à la chaleur et à l'humidité.
Le formier travaille à la main, le bloc de bois qu'il façonne à la gouge mais aussi avec tous les outils de l'ébéniste.

Sur ces formes en bois, l'ouvrier plaçait le tissu de feutre et l'ensemble était mis dans une étuve pendant quelques minutes.
Ensuite, l'ouvrier s'employait avec dextérité à former le chapeau.
Dans la suite de la note, j'ai placé une vidéo qui vous permet de mieux appréhender la technique.
Sur le socle de la forme en bois, vous apercevez des trous permettant de poser l'objet sur un socle, pour travailler le chapeau.

Le trait de Jupiter

Il est très fréquent que quand je travaille à la restauration d'une table ancienne, il faille que l'extrêmité de chacun des pieds soit remise en état, c'est à dire prolongée par une nouvelle pièce de bois choisie dans la même essence.

En effet, les bouts des pieds de table ont généralement souffert de reposer sur des sols humides .
De plus,  la hauteur du plateau est souvent insuffisante pour les usages d'aujourd'hui, ce qui nous oblige donc à rehausser les pieds, en ajoutant un morceau de bois.
De nos jours, pour un confort au quotidien, le plateau doit être à environ de 75 à 79 cm du sol.

Quand le pied nécessite une "reprise importante", mon ébéniste développe tout son savoir-faire en utilisant la technique d'assemblage par enture à "Trait de Jupiter".

Le trait de Jupiter est un assemblage permettant de réunir des pièces de bois bout à bout pour obtenir la longueur souhaitée. 

Grâce à sa forme en Z, il résiste parfaitement aux tensions et aux efforts de traction.
Le trait de Jupiter doit son nom à sa forme qui rappelle celle d’un éclair (Jupiter était le dieu de la foudre).

Il existe également un trait de Jupiter utilisé en charpente.

Le "Trait de Jupiter" est à classer parmi les Entures, ces assemblages qui permettent le prolongement d'une pièce de bois, suivant une ligne droite ou suivant une courbe tangente à une pièce droite.
On peut citer les "entures en sifflet", les "entures en sifflet avec butée", les "entures avec coupe mi-bois", les "entures à double sifflet", les "entures à queue d'aronde",...

Cet assemblage par enture à "Trait de Jupiter" n'est pas facile à réaliser mais quelle satisfaction de pouvoir proposer un travail fait dans les règles de l'art !

Merci à tous ces artisans qui nous permettent de mettre en valeur notre patrimoine.

Entrées de clés..... Jolie quincaillerie

C'est par les petits détails que l'on estime la qualité et le sérieux avec lequel on fait les choses.
Il en est ainsi pour les meubles, de ces petits "objets de quincaillerie" qui allient esthétique et fonctionnalité et qui apportent la "touche finale" à la beauté du mobilier.

On l'appelle "Quincaillerie d'ameublement"  et elle regroupe les poignées et boutons de portes ou de tiroirs, les serrures, les charnières, les entrées de clés, les décors de pieds (sabot, roulettes...), les diverses garnitures (rosaces, filets, bagues, haut de pilastre...),.... Ils sont en diverses matières (fer, bronze, laiton, verre, bois....) et de différents styles (Renaissance, Empire, régional, art nouveau,....)  

Aujourd'hui, nous nous intéressons aux  "Entrées de clé" que l'on nomme également "Entrées de meuble", "Entrées de porte", Entrée de tiroirs",....

Pour moi, ce sont de petites pièces décoratives qui ont toute leur importance car elles donnent du caractère au meuble.

Au fil des années, j'ai pu me constituer un joli petit stock (comme on le voit sur cette photo de droite) et c'est toujours agréable de renverser cette boîte pour trouver l'entrée de clé qui correspondra au mieux au style et à l'époque du meuble sur lequel je travaille.

Les pièces anciennes ont un charme inoui, porté par la patine du temps , la finesse du dessin et la qualité des alliages utilisés autrefois. 

Journées des Métiers d'art

Que serions-nous, nous antiquaires sans la précieuse collaboration de nos collègues, artisans des métiers d'art ?
Comment faire sans le soutien d'un ébéniste, d'un tourneur sur bois, d'une restauratrice de tableaux, d'un restaurateur de lustres, de maquettes ou de statuettes en terre cuite, d'un ferronnier, d'un horloger, d'un miroitier d'art, d'un serrurier, d'un relieur, d'un sculpteur sur bois, d'un tanneur, d'un vannier,.... enfin de l'un de ces 200 métiers qui font tant pour la renommée et la sauvegarde de notre patrimoine artistique national.

Avec ces artisans d'art,  nous travaillons de temps à autre et j'avoue que quand j'ai la nécessité de faire appel à l'un d'eux, c'est toujours avec un peu d'angoisse que j'attends qu'il me réponde au bout du fil..... Est-il encore en activité ? Pourra t'il répondre à ma demande ?
Pour nous, ce sont des partenaires précieux et c'est avec grand plaisir que je vous invite à mieux faire leur connaissance en profitant des ces Journées Européennes des Métiers d'art qui chaque année sont organisées le premier week-end d'avril.

Les Journées Européennes des Métiers d’Art se déroulent partout en France.
Elles ont lieu dans les ateliers des professionnels, dans les centres de formation aux métiers d’art qui ont fait le choix de participer à l’événement mais aussi dans de nombreux lieux liés au patrimoine et à la création (monuments nationaux en cours de restauration, musées, châteaux, places publiques...).
Chaque région propose un programme singulier en fonction de son histoire, de ses traditions et de son potentiel créatif.

Chaise Monobloc

Dans un précédent article, nous avons évoqué l'obsolescence programmée de certains objets industriels qui consiste à définir une durée de vie bien précise pour chaque objet produit afin de s'assurer un "marché régulier" avec pour principe qu' "un bon produit est un produit jetable".

Comme souvent dans le Blog Antiquités, à l'inverse de cette logique, nous nous intéressons aujourd'hui à une amélioration technique conçue il y a quelques décennies, pour prolonger la durée de vie des chaises.
C'est sur une série de 4 chaises Luterma que j'observe ce mécanisme original qui ne semble pas avoir été généralisé, car on le trouve sur très peu de modèles.
Sous l'assise de chacune des chaises, nous remarquons des croisillons en acier galvanisé qui grâce à des écrous, peuvent se raidir et se transformer en tendeurs.

En effet, les chaises sont généralement soumises à des contraintes très fortes qui font qu'au fil du temps, les différents éléments assemblés ont tendance à "prendre du jeu", ce qui nécessite de les resserrer régulièrement d'autant que le bois est un produit naturel qui respire et réagit aux variations de température ambiante et  à l'humidité de l'air.

Pour pouvoir régler la tension, il faut bien évidemment que la chaise ait été conçue et assemblée avec cette possibilité (en effet, il est facile de comprendre que les chaises anciennes assemblées avec vis et écrous le permettent alors que les "chaises modernes" dont les éléments sont simplement collés, ne le permettent pas !) 
Grâce à ce système Monobloc, c'est très simple de maintenir un bon assemblage des différents éléments de la chaise.